L’accident de chasse de Landis Blair et David Carlson
Les Fauves d’or se suivent et ne se ressemblent pas ! Après avoir lu Monica, prix 2023, et la Couleur des choses, prix 2022, j’ai lu récemment l’Accident de chasse de MM. Blair et Carlson, prix 2021. Autre style, autre ambiance pour ce récit flashback, en forme de dialogue père-fils, partage d’expérience de vie sur l’univers carcéral américain et la découverte clé de la littérature.
Suite à la disparition de sa mère, le jeune Charlie emménage chez son père, Matt. Ce dernier, heureux d’accueillir son fils, prend soin de lui, l’éduque. Les deux apprennent à se connaître. Matt explique notamment sa cécité à son fils, résultat d’un malheureux accident de chasse. Mais lorsque Charlie se retrouve, à l’adolescence, embarqué, du fait de ses mauvaises fréquentations, dans une sale histoire qui risque de le conduire tout droit à la prison, Matt décide de lui raconter la vérité : c’est à cause d’un casse foireux qu’il a perdu la vue et a passé quelques années en prison. Il livre son témoignage en détails à un Charlie à la fois désarçonné et attentif. Au cours de son séjour carcéral, Matt explique avoir partagé sa cellule avec l’un des meurtriers les plus connus de l’époque, qui l’initiera à la littérature en lui faisant découvrir l’Enfer de Dante, clé de rédemption pour l’après prison.
L’accident de chasse est une oeuvre dessinée en noir et blanc, qui a puissamment recours aux effets de contraste, d’ombre et de lumière, pour rendre les situations. Les planches pures BD sont entrecoupées de double page de texte illustré, pour la partie dans laquelle Matt fait lire à son fils ses écrits, sur lesquels il s’appuie pour commenter l’expérience personnelle qu’il est par ailleurs en train de lui partager. C’est parfois quelque peu chargé visuellement, surtout dans les cases où le noir domine. Cela participe parfaitement à l’ambiance du récit, au risque parfois d’un too much, qui semble néanmoins assumé.
Oeuvre plaisante, ne serait-ce que par sa mise en scène sympathique d’une transmission père-fils, il faut bien le dire sans véritable heurts ni drame ni déchirure. La méditation sur la cécité et l’initiation dans le contexte contraint de la prison à la littérature comme clé de sortie donnent des allures de roman graphique de rédemption à cette lecture. Pour être honnête, j’ai passé un bon moment, sans pour autant passer le meilleur moment BD.