Enfin lu un Terry Pratchett ! Eh bien, je suis très enthousiaste après cette première virée dans le Disque-monde ! Au guet ! (Guards, guards! en anglais) est un petit bijou de drôlerie à l’anglaise, dans un univers médiéval fantastique, qui parvient, au milieu de son histoire délirante, à insérer une réflexion profonde sur le thème de la Politique et la Cité.

Au guet ! est un livre relativement court qui met en scène plusieurs personnages clé dans différents lieux de la ville d’Ankh Morpork. A titre principal, l’histoire s’intéresse à la garde de la ville et à ses membres, parmi lesquels le capitaine Vimes, alcoolique notoire mais à l’expérience affutée, la vaillante nouvelle recrue Carotte, “nain” trop grand, envoyé par les siens rejoindre la ville, défenseur ingénu du Droit et de la Justice, et leurs collègues, sympathiques et un peu simples. On fait également la connaissance du Patricien et de sa gestion des affaires crapuleuses, intégrées à la normalité de la ville, du bibliothécaire orang outan, du cercle des magiciens invocateurs de dragon…

Ces maîtres invocateurs (apprentis sorciers en réalité), se disent qu’il serait temps de rétablir un ordre royal dans la cité, afin de corriger le tir d’une administration chaotique. La solution la plus évidente que leur chef manipulateur leur vend comme idéale consiste à invoquer un dragon, qui certes sèmera la terreur dans la ville, mais dont l’apparition ne manquera pas de faire émerger un héros providentiel, qui viendra sauver la population et s’imposer naturellement comme figure royale. Occasionnant des dégâts de plus en plus importants, l’apparition du monstre mythique au-dessus d’Ankh Morpork finit par faire vaciller le pouvoir et remettre en cause l’ordre établi vers plus de chaos. C’est là que notre brave garde, courageuse mais pas téméraire, interviendra, mettant son sens civique et son héroïsme à rude épreuve.

Au-delà de scènes très drôles, qui à de nombreuses reprises m’ont fait marrer de bon coeur (une prouesse par les temps qui courent) dans les transports en commun, j’ai trouvé qu’à la qualité de l’écriture s’ajoutait une qualité de l’histoire et de son propos. Il ne s’agit pas d’un simple récit délirant. Cela va plus loin. C’est un récit délirant, dans un univers délirant, aux allures cartoonesques (parfaitement rendue par la couverture de l’édition d’Atalante), en forme de miroir tendu à notre monde, invité à comprendre par l’autodérision ce qui déconne chez lui de façon non moins délirante !

Géniale lecture ! Du Donjons & Dragons écrit par les Monty Python’s ! Je n’ai qu’un seul regret : ne pas avoir dévoré toute la production de Pratchett dans mon adolescence, marquée par les jeux de rôle type Warhammer et les cartes Magic ! C’est d’ores et déjà une certitude, Au guet ! ne sera pas ma dernière visite dans le Disque-monde.