Lincoln d’Olivier, Jérôme et Anne-Claire Jouvray
Pas la lecture du siècle, mais enfin c’est assez sympathique : la série Lincoln, scénarisée, dessinée et mise en couleurs par la famille Jouvray. On y suit les aventures de Lincoln (surprise !), un type un peu paumé, né dans les Etats-Unis de la fin du XIXè siècle, orphelin élevé chez les prostituées. Le cadre est posé !
Alors que notre héros mène une vie peu glorieuse, son côté “misfit” et inaptitude sociale le rejette aux marges de la collectivité, ce qui, pense-t-il, n’est pas pour lui déplaire. C’est dans ce début d’exil qu’il fait la rencontre de Dieu, qui prend ici les traits d’un brave fermier du coin. Ce dernier tente de convaincre, avant de mettre au défi Lincoln de devenir une force positive pour la société à force de persévérance et d’une recherche de se mettre au service des autres. Pour entériner cela, et afin de mettre toutes les chances du côté de ce projet de métamorphose, Dieu fait un cadeau empoisonné à son nouveau champion : l’immortalité.
A partir de là, Lincoln enchaîne les situations dans lesquelles sa mauvaise humeur et/ou son désintérêt apparent ne l’empêchent pas de faire preuve d’une certaine conscience de l’autre, voire même de faire l’expérience de l’amour. Depuis les saloons malfamés et les forts de conférés, jusqu’à la résistance mexicaine ou le New York crapuleux, la série va à bon rythme à travers une grande diversité de situations. Cela se passe à chaque fois avec des mises en scène piquantes, parfois grotesques, souvent outrancières, mais finalement bon enfant.
Notre héros, sorte de super héros cowboy malgré lui, se trouve souvent pris entre les machinations de Dieu et du Diable. On devine un discours de dépassement des dilemmes moraux posés par ce dialogue entre force du Bien et du Mal, même si par touches, au milieu des aspects provoc, on voit transparaître une réflexion sur la responsabilité individuelle, le sens de la Liberté, le rapport de l’individu à la collectivité.
Naturellement, il est ici plus question de divertissement que d’essai sur la conscience humaine. On passe un bon moment de BD, avec humour et dessin agréable à l’appui.