La Guerre Eternelle de Haldeman & Marvano
Qu’est-ce qui attire votre attention lorsqu’il s’agit de choisir un livre à lire, un film à regarder, une expo à visiter ? En ce qui me concerne, je suis assez sensible au “c’est un énorme classique qui a influencé toute une génération d’auteurs !” Cet argument marche d’autant mieux lorsque je n’avais aucune idée au préalable que cette oeuvre avait ce statut cultissime. Quelque part entre l’envie de comprendre la généalogie artistique et de mesurer les caractéristiques qui font de l’oeuvre quelque chose d’absolument unique. La Guerre Eternelle rentre clairement dans cette catégorie !
Joe Haldeman, son auteur, est un vétéran de la guerre du Vietnam, expérience qu’il va développer dans une ambiance science fiction en publiant en 1974 “The Forever War”. C’est ce livre, distingué par les plus hautes récompenses de la littérature SF, qui va taper dans l’oeil du dessinateur Marvano pour donner naissance à ce diptyque : la Guerre Eternelle et Libre à Jamais. On y suit les aventures de William Mandella et de sa femme Marygay, soldats Terriens mobilisés dans la guerre contre les Taurans, espèce rencontrée près d’Aldebaran par un croiseur humain. Le récit met en scène la question de l’absurdité de la guerre, notamment à travers la peur de l’Inconnu, l’impossibilité de se rappeler le motif de déclenchement des hostilités, le tout mis en évidence par la distorsion temporelle née des voyages intergalactiques s’approchant de la vitesse de la lumière. Le conflit se déroule dès lors à une échelle multi séculaire, créant un éloignement amer du côté des soldats qui, mobilisés en permanence et envoyés à différents points de combat, comprennent que le Monde qu’ils ont connu, les gens qu’ils ont aimés, les repères culturels qui sont les leurs ont tous été engloutis par un voyage vers le futur imposé.
C’est violent : Hadelman, diplômé d’astronomie et de physique, nous plonge dans une simulation réaliste de ce à quoi ressemblerait véritablement une guerre dans l’espace, entre gestion des pressions supportables, ondes de choc des explosions, perturbation des temps de communication. La fin m’a quasi tiré une larme, tant c’est beau et fort. Bref, gros coup de coeur pour ce classique de littérature SF !