Le roman des Goscinny par Catel
Toute la Gaulle est sujette à la morosité en cette période pas facile, facile ! Toute ? Non ! Un village d’irrésistibles gaulois s’invite chaque soir dans le temps de lecture chez nous ! Suite à la disparition prématurée du mari de la voisine de ma belle-mère, ladite voisine nous a offert la collection quasi complète d’Asterix dont son époux raffolait en échange d’un coup de main sur le déménagement de ses cartons.
Asterix, c’est vraiment la définition de la bonne humeur à la française en 46 planches ! Mais c’est aussi l’histoire d’une rencontre étonnante entre un scénariste juif d’origine polonaise, ayant vécu jusqu’à ses 25 ans entre Buenos Aires et New York, et d’un dessinateur fantasque italien d’origine. C’est donc ce duo bariolé qui a donné naissance à l’un des piliers de la pop culture de par chez nous, à ce point iconique qu’il est probablement dans le top des références de nombre de nos concitoyens dès lors que l’on se demande quelles sont les références contemporaines incontournables du fond culturel français.
Catel, dessinatrice/scénariste de bandes dessinés, connue entre autre pour son travail avec son pote Bocquet ayant produit une bonne série biographique de volumes consacrées à des portraits de femmes au parcours singulier (Joséphine Baker, Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges), a accepté d’échanger avec Anne Goscinny, fille du papa du guerrier gaulois, pour constituer un récit de la vie de son père. Le volume, intitulé le Roman des Goscinny, est donc une biographie de René Goscinny principalement, mais pas que. Elle est construite autour de phases alternées de mises en image de témoignages audio de René racontant sa vie et de dialogue entre Catel et Anne Goscinny, où cette dernière donne à comprendre les réflexions de son père, sa détresse face à la Shoah, sa vie d’expatrié, sa détermination à être payé pour faire rire… Il en résulte un bouquin sympathique, fourni (~330 pages), qui se lit bien, où on apprend plein de choses sur une vie et une époque. Il y a toute une partie d’échange entre Catel et Anne qui touche à leur vie privée et leur lien d’amitié, pour laquelle je dois avouer que je n’ai pas compris ce qu’elle venait faire dans le paysage.
Au-delà de ce détail, lecture agréable, qui a pour mérite premier de montrer au-delà des cas Asterix, Petit Nicolas (co-créé avec Sempé), Lucky Luke (en collaboration avec Moris, et qu’il dotera notamment de son fameux titre d’homme qui tire plus vite que son ombre !) le génie de René, sa créativité, le monstre de travail qu’il était, son engagement en tant qu’auteur pour la profession.