Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo
Après Quatrevingt treize, un pote prof de français m’a recommandé son Hugo préféré, les Travailleurs de la mer. Oeuvre plus difficilement accessible que celle sur la Révolution, les Travailleurs est un écrit d’exil d’Hugo, de son époque Guernesey, et traite des îles anglo-normandes.
Dans ce cadre de rencontre des cultures anglaise et française, il met en scène le combat titanesque de l’Homme contre les Eléments. Gilliatt, le taiseux du village, se propose d’aller sauver la machinerie de la Durande, LA pièce de valeur irremplaçable du steamer de mess Lethierry qui, après une navigation fourbe de son capitaine, s’est retrouvée piégée entre deux rochers dans l’océan. En récompense de la récupération de cette pièce qui éviterait la ruine de son propriétaire, ce dernier propose la main de sa nièce, Déruchette, dont Gilliatt est secrètement amoureux depuis des années.
Il faut le dire, l’oeuvre prend son temps. La première moitié du livre – 300 pages – est nécessaire à l’exposition des lieux et des personnages, et la mise en place de tous les éléments du drame qui, une fois l’aventure du sauvetage lancée dès la deuxième partie, est inéluctable. Evidemment, tout cela est magistralement noué, et les mailles du filet patiemment tissé se révèlent être d’un tragique implacable dès lors que la pêche est rassemblée. L’écriture donne cette impression d’un affrontement colossal du héros avec l’océan, la tempête, la pieuvre, la faim, la soif, le froid : la lente rencontre de l’infime humain, grand de ténacité, avec la nature gigantesque.
Dans son introduction, Hugo situe ses Travailleurs de la mer dans son travail : il existe trois anankè (destinée, nécessité, fatalité), trois luttes qui sont également des besoins humains. Ce sont la religion, la société et la nature et qui dans son oeuvre correspondent à Notre Dame de Paris, les Misérables et les Travailleurs de la mer. Ce livre boucle donc le triptyque du débattement de l’Homme dans son passage terrestre.
A noter que Hugo a accompagné le travail d’écriture de dessins qui ont fait l’objet d’une exposition à la BNF en 1985 et que l’on peut retrouver sur son site.
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[…] et rappel du “rien” humain. Victor Hugo n’en traite pas autrement dans ses Travailleurs de la mer. Ar-Men d’Emmanuel Lepage nous en offre une nouvelle […]