The Sculptor de Scott McCloud
Un homme, Dave, artiste, sculpteur au talent non reconnu, esprit torturé en quête d’absolu, passe un pacte avec le Diable : en échange de sa vie, il disposera de 200 jours et d’un pouvoir de création illimité, ses mains lui permettant de manipuler la matière selon sa volonté. Seulement voilà, Dave n’avait pas prévu de rencontrer Meg, aspirante actrice, légère, insouciante, inconsciente, débordante d’amour et d’affection qui marque tous ceux qu’elle croise.
Le Sculpteur de Scott McCloud est une mise en romance de son essai l’Art Invisible, où l’on retrouve d’ailleurs un certain nombre de références et d’idées que l’auteur développe au sujet de l’Art en général, de la narration dans la BD, de la prise de tête que représente la création, du fait que chacun probablement a quelque chose à raconter et est en recherche des moyens de le faire. Alors il faut le dire : la romance développée dans les pages du Sculpteur a un côté gnan gnan, celui propre à l’eau de rose made in USA. Mais passé ce détail, et après avoir vu à travers lui les archétypes que mobilisent l’auteur, ce Faust moderne conduit au cœur du tragique de la création humaine, le fait de se soumettre au regard et à l’appréciation des autres, le fait de s’en extraire, le fait de ne jamais vivre assez longtemps cette extraction pour explorer jusqu’au bout les horizons qui s’ouvrent, l’impossible témoignage des créateurs au sujet de ce qui persiste dans le temps de l’Humanité.
Y’a du chef d’oeuvre dans ce roman graphique, même si, d’une part, faut accepter les gros violons parfois larmoyants et, d’autre part, le fait qu’il s’apprécie plus aisément à la lumière de l’essai de McCloud sur la BD.