Les contes de la Pieuvre de Gess
Les Contes de la Pieuvre sont une série en cours de publication, dont chaque épisode se suffit à lui-même. Nous sommes dans le Paris des années 1870, un esprit Commune est présent, qui côtoie la saleté, la débrouille, la diversité des métiers et des rangs sociaux façon 19è.
Dans cette ambiance, on suit à chaque fois un personnage doté d’un pouvoir surnaturel, qu’il s’agisse de parler toutes les langues, localiser n’importe quelle personne ou objet, entendre les pensées des gens… Et à chaque fois ce personnage collabore ou a collaboré de près ou de loin, de gré ou de force, avec une organisation mystérieuse, La Pieuvre, pègre de la capitale, organisation pas nette, redoutée, dont on comprend qu’elle connaît des luttes de pouvoir intestines violentes, et qui utilise ces talents spéciaux pour faciliter ses affaires. Cela donne naissance à une atmosphère proche du polar sombre, bien traduite dans un dessin couleur délavée, souvent verdâtre/bleuâtre peu réjouissant, où le lecteur est soumis au point de vue du personnage talentueux et donc aux limites de ses informations. L’écriture est prise au sérieux, littéraire, dramatique, poétique même, ça grouille de références et de jeux de contextualisation avec l’actualité de l’époque.
Le dessin de Gess est vraiment chouette. Je l’avais découvert en lisant les aventures des super héros européens de la Brigade Chimérique. Dans les deux cas, le coup de coeur repose in fine sur cette idée qu’il est très agréable de lire de la fiction fouillée, exploitant notre patrimoine historique et culturel. Et enfin, pour ne rien gâcher au plaisir, l’édition de ces bouquins est soignée, ce qui en fait un bel objet de bibliothèque 🙂