Matteo de Gibrat
Première BD de Gibrat lue avec ce Mattéo et première forte impression d’avoir lu une bande dessinée romanesque, où l’écriture tient un rôle particulier. Celle-ci fait penser à Zola pour sa description, à Audiard pour son côté imagé, voire à Gary pour la profondeur de l’expérience personnelle.
Mattéo, jeune Espagnol réfugié en France près de Collioure, héritier d’une culture anarchiste, dont son père décédé laisse une vive empreinte, se retrouve dans une solitude inattendue lorsqu’en juillet 1914 tous les hommes de son âge partent au front qu’il ne peut rejoindre car étranger. A la honte d’être le seul de son âge resté au pays s’ajoute la jalousie. Juliette, celle qu’il aime, admire Guillaume, le fils héritier du riche propriétaire du coin, aviateur héroïque. C’est dans une tempête de passions amoureuses déçues et d’idéaux politiques familiaux mal digérés qu’il décide de s’engager volontairement dans les combats de son temps, d’abord sur le front en France, puis dans la révolution bolchevik à Petrograd. Le dessin est magnifique et l’on se perd de longues minutes dans le détail des planches.
Bref, lecture impressionnante par de nombreux aspects, même si ce n’est pas la thématique/catégorie – le récit réaliste historique – vers laquelle je me dirige le plus volontiers !