Les aventures d’Huckleberry Finn de Mark Twain
C’est la lecture de l’Histoire populaire des Etats-Unis d’Howard Zinn qui m’a donné envie de lire les aventures d’Huckleberry Finn. L’historien mentionne effectivement à plusieurs reprises un certain nombre d’auteurs de littérature américaine (Twain, Dreiser…) qui ont, selon lui, contribué à grandement faire évoluer l’appréciation des situations d’inégalités sociales dans son pays ou à bâtir un témoignage d’époque à l’appui de leurs fines descriptions des rapports sociaux.
Huckleberry Finn est un roman d’aventure, publié pour la première fois en 1884, et écrit par Mark Twain, écrivain et essayiste, connu pour son ton humoristique et la lucidité de ses analyses. Avec Huckleberry Finn, Twain fait mine de donner une suite aux aventures bon enfant de son personnage apparu dans les aventures de Tom Sawyer. Mais l’odyssée de Huck s’avère rapidement tourner à la désillusion, celle de la découverte amère de la réalité du monde des adultes, de son hypocrisie, de la séparation finalement injustifiée entre hommes libres et esclaves…
Initialement recueilli dans une famille pour qu’on lui apprenne les bonnes manières et les codes culturels de la vie en bonne société, Huckleberry Finn se voit kidnappé par son ivrogne de père, qui le conduit dans une cahute en forêt, et cherche à récupérer l’argent que son fiston a gagné lors de précédentes aventures avec son ami Tom Sawyer. Echappant à la sévérité alcoolisée de son père, Huck prend la fuite et descend le Mississipi sur un radeau. Rapidement il se lie d’amitié avec Jim, un esclave noir en fuite rencontré en chemin, qui appartenait à la famille Watson, chargée de l’éducation de Huck. Les deux compères vont vivre l’Aventure au grand air, descendre le fleuve et connaître les rires, la séparation, la peur de la mort, de la dénonciation… et la joie des retrouvailles !
Le roman, écrit à la première personne, est au final le récit d’un long débat de conscience du jeune Huck : celui-ci bataille avec ce que lui dicte la morale qu’on lui a inculquée (droit de propriété sur l’esclave, conscience chrétienne du péché…) pour remettre en cause ces acquis et refuser une vie tissée de mensonges. C’est dans son rapport avec Jim que ce trait s’illustre de façon éclatante. Longtemps le jeune garçon, pris de remords, se dit qu’il va livrer Jim, car il n’est pas normal qu’un esclave puisse s’affranchir seul de la propriété de son maître, jusqu’au moment où il décide d’assumer la transgression de cet interdit et de préférer son amitié avec Jim, quitte à aller en enfer pour cela.
Les aventures d’Huckleberry Finn sont réputées être le premier véritable roman de culture américaine, ouvrant une lignée particulière, distincte de la littérature anglaise. L’oeuvre, dont la temporalité s’inscrit au lendemain de la Guerre de Sécession, témoigne du possible renversement d’appréciation qui s’opère dans le pays quant aux sujets épineux de l’esclavage, mais également du rapport aux enfants, des rapports sociaux, la place du droit et, ultimement, le contenu d’une vie honnête dans les Etats-Unis du dernier quart du 19è siècle.
J’ai choisi de lire le roman en anglais, ce qui a constitué une difficulté certaine : il est écrit en restituant fidèlement le langage de ce Sud des US de cette époque, ce qui a ralenti et alourdi la progression dans les chapitres. Néanmoins, je suis content de ce choix, qui a contribué au dépaysement proposé par ces aventures et cette descente du Mississipi, accompagnée en partie par la bande originale de O’Brother.