Très belle lecture que ce Soli Deo Gloria de MM. Deveney et Cour ! Dans une Europe alternative, qui ressemble à s’y méprendre à notre XVIIIe siècle, nous suivons le parcours étonnant de Helma et Hans, jumeaux nés dans la grande pauvreté rurale. Si la vie ne les épargne pas, elle leur a fait un superbe cadeau : un don inné pour la musique. Helma a une voix hors du commun ; Hans un talent de composition tenant du génie.

Le récit se déroule sur un temps long et traite à titre principal de l’élévation sociale de ces deux-là par leur travail acharné pour vivre de leur musique. Prenant la forme d’un conte, où les personnages rencontrés nous sont connus par anagrammes, l’enjeu central de l’histoire consiste à examiner, au travers de deux personnages archétypiques, le rapport entre l’individu et ses qualités, interrogeant le destin et les choix individuels, la souffrance et ses effets, l’humilité et l’origine du génie, les apparences sociales et religieuses et leur réalité.

Noir et blanc élégant, avec j’ai trouvé par endroits, un côté quasi manga, que m’évoque sans doute une pratique du point dans les niveaux de gris.

Au final très belle œuvre, avec un seul regret, le même que pour Krimi : l’absence d’une postface qui donnerait des clés de lecture à cette oeuvre dense, convoquant de nombreuses allusions culturelle. Rien empêchant le plaisir de lecture ceci dit.

Le livre en tant qu’objet et son récit montrent à quel point la BD offre une expérience de lecture singulière !