Monica de Daniel Clowes
Les lauréats du Fauve d’or d’Angoulême se suivent et ne se ressemblent pas ! Après la lecture récente de la couleur des choses, j’ai lu Monica de Daniel Clowes, qui vient de remporter la prestigieuse distinction du festival international de la BD. C’est déroutant, très référencé et pas facile à suivre, mais le titre relève d’une maîtrise totale de l’exercice et laisse grandes ouvertes les portes de l’interprétation.
Née dans une ambiance 70’s, d’une jeune femme dont le compagnon est mobilisé au Vietnam et qui trouve du réconfort en fréquentant les cercles hippies, Monica connaît une enfance sans lieu fixe, suivant sa mère au gré de ses vies amoureuses, avant d’être finalement confiée à ses grands-parents. Monica grandit, devient une ado un peu à part, puis une chef d’entreprise à succès. Elle se transforme d’ailleurs en phénomène médiatique, personnalité influente qui livre son autobiographie au public, désireux de trouver dans son parcours les éléments de la réussite. Bientôt, cette vie ne satisfait plus l’héroïne, qui se met en recherche de sa mère, une enquête qui la conduit vers des expériences ésotériques, voire sectaires.
Le style est impeccable ! Les dessins, la mise en scène des chapitres, la variation du trait selon les lieux et les époques : on sent le travail titanesque, les codes et clins d’oeil maîtrisés. On sent également l’existence d’une trame artistique de Clowes, marqué par un univers entre culture comics, psychologie, narratif underground US, le tout servi avec une touche de fantastique énigmatique.
La lecture de ce volume m’a quelque peu déboussolé. Arrivé au bout, je suis revenu sur certaines planches pour revérifier l’identité de certains personnages, revoir le fil narratif de certaines scènes, tenter de déceler les éventuels indices expliquant tel aspect du dénouement. Monica relève de l’exercice David Lynch. Il m’a semblé avoir ressenti la même chose en sortant de la projection de Mulholland Drive.
C’est la recommandation de mon libraire (et sa très forte incitation à le lire en VO) et le prix d’Angoulême qui m’ont décidé à me lancer dans la lecture de cette oeuvre. Sans doute pas pour toutes les paires d’yeux, car foisonnante, perturbante, frustrante pour qui cherche une trame aboutissant à une conclusion logique ; et en même temps exigeante, mystérieuse. Monica me marque par sa capacité à m’interroger une semaine après la fin de la lecture sur le contenu de l’histoire que j’ai lue et sa signification. Pas de réponse définitive à ce sujet ; conscience d’avoir traversé une ambiance unique.
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