Quatrevingt Treize de Victor Hugo
Avez-vous des lectures “rattrapage” ? Ces oeuvres qui étaient au programme de lecture au collège et au lycée, sur lesquelles soit vous vous rabattiez sur la collection “les clés de l’oeuvre”, soit vous en lisiez le tiers péniblement la veille de l’interro qui portait dessus, tout en priant le dieu du cours de français que ses questions porteraient sur la partie lue. Quatrevingt Treize est pour moi emblématique de ces lectures. Et pourtant quel récit !
Hugo nous conduit au coeur de la Révolution, en Vendée, là où royalistes et républicains s’entretuent pour défendre leur vision de la politique, de leur pays, de la vie. Fils d’une mère issue de la bourgeoisie bretonne et d’un père soldat républicain, l’auteur fait de l’année 93 un exutoire à son combat personnel avec la Révolution, mettant en scène la guerre entre les deux camps avec à leur tête deux hommes parents, des Gauvain, l’Ancien et le Jeune, arbitré par Cimourdain, l’envoyé implacable du Comité de Salut Public.
Comment ne pas être frappé par l’écriture ? Les images ? Les descriptions, les mises en parallèle, la Grande Histoire qui rencontre la Petite dans de longs développements, le tout construit pour aboutir à des sentences ciselées qui créent la tension du livre ? La Modernité et le règne de la Loi ont exigé la mort du Roi, précipité une guerre avec les voisins européens, renversé la Noblesse et ses quinze siècles de tradition, offert leur chance à tous les opportunistes à Paris, emporté dans le tsunami du changement les Provinciaux qui n’en demandaient pas tant. C’est tout cela que présente Hugo ; un tout auquel il donne un tour dramatique, superbement orchestré autour de trois p’tits mômes attendrissants, dont le simple fait d’être sur la route des armées leur a valu d’être entraîné dans la folie d’un pays en fièvre.
Peut-être qu’on rattrape ce qu’on n’avait pas la maturité de recevoir ? Vous avez 4 heurs 🙂
1 COMMENT
[…] Quatrevingt treize, un pote prof de français m’a recommandé son Hugo préféré, les Travailleurs de la mer. […]