L’éternel mari de Dostoïevski
Pas le temps de lire les Frères Karamazov ou l’énergie de lire Crime et Châtiment ? Un ami prof de français m’a récemment recommandé la lecture d’un Dostoïevski court : L’éternel mari. Court, mais intense ! Il y est question de Pavel Pavlovitch, fonctionnaire de province, qui débarque à Petersbourg dans le but de squatter la vie d’Alexeï Ivanovitch, dont il est “tombé amoureux” ou du moins en admiration il y a de cela une dizaine d’années, lorsque celui-ci entretenait une relation avec sa femme. C’est pris de l’envie folle de savoir, de comprendre, de discuter avec cet amant superbe qui conduisit Pavel à stalker l’autre et à lui proposer des situations toutes plus embarrassantes les unes que autres, pris dans l’inconsolable tourbillon d’une haine d’amour.
Ca se lit très bien, très vite, c’est très théâtral, le texte étant tissé de nombreux dialogues, accompagnés de didascalies et pensées retranscrites sous forme de digressions intérieures. Le cocu est superbe, le type à la fois doté d’une situation et en même temps pas fini, nigaud et se sachant cocu d’avance. Roman d’une certaine modernité, qui aborde la tromperie conjugale sous l’angle de la passion de connaître celui qui partage l’intimité, plutôt que sous celui plus attendu de l’amour propre brisé et l’atteinte à l’honneur.