Vie et Destin de Vassili Grossman
Œuvre de Vassili Grossman (1905-1964), “Vie & Destin” est un écrit bouleversant, tant par son propos qui consiste à exposer la mécanique des régimes totalitaires et leur façon de tordre la nature humaine, que par l’histoire mouvementée de sa publication. Il s’agit en réalité de la deuxième partie d’un grand roman, faisant suite à “Pour une Juste Cause”. Les événements qui y sont rapportés constituent un témoignage de première main. Grossman est, dès juin 1941 – déclenchement de l’invasion de l’URSS par le 3è Reich – correspondant de guerre auprès de la Krasnaïa Zviezda, le journal de l’Armée Rouge. Il accompagne et couvre les mouvements du front soviétique.
Présent lors de la débâcle soviétique de 1941, puis envoyé à Stalingrad en 1942, il prend en janvier 1943 la route de l’Ukraine. Cette destination marque un tournant dans sa conscience et sa compréhension de la guerre, avec la découverte du génocide, dont sa mère est victime. Il fait parti des premiers témoins à décrire les camps d’extermination, entré à Maïdanek et Treblinka dès leur libération. Enfin, il est le premier journaliste à pénétrer dans Berlin au moment de la capitulation de la ville le 2 mai 1945.
Son parcours dans la guerre et la perte dramatique de sa mère le conduisent à regarder sous un nouveau jour le régime soviétique. Le travail d’écriture qu’il entreprend avec son roman aboutit petit à petit à un constat simple : régimes nazi et soviétique sont égaux en nature. L’œuvre souligne au milieu des brisures idéologiques l’immuabilité de la bonté humaine.
Le manuscrit de “Vie et Destin” achevé, celui-ci sera, suite à une dénonciation, “incarcéré” par le KGB, et ne trouvera le chemin vers une première publication hors URSS qu’en 1980. Sur mon blog dédié au street art, j’ai publié un extrait du roman, accompagné d’un documentaire diffusé sur Arte (2018).