Frontier de Singelin
Ah, sans doute le premier coup de coeur BD cette année que le Frontier de Singelin ! Bel objet de bibliothèque, space opera au character design très chouette et histoire s’intéressant aux aspirations de ses protagonistes : le mix fonctionne à merveille !
Les conditions de vie sur Terre sont rendues difficiles par les effets combinés de la raréfaction des ressources et du réchauffement climatique. L’Humanité trouve dans l’exploration spatiale sa voie de survie. Ji-Soo, brillante chercheuse à forte tête, qui a développé une technologie permettant l’étude de l’histoire de l’univers, se voit contrainte de la vendre à la plus importante corporation d’exploration spatiale pour mener à bien ses travaux. Baladée entre différents services, elle est finalement placardisée à bord du Rockbreaker, le vaisseau-cité de la corpo. On lui confie la responsabilité de superviser le développement d’une zone du vaisseau, où elle fait la connaissance d’Alex l’ingénieur technicien, humain né dans l’espace. En parallèle, le lecteur fait la connaissance de Camina, mercenaire badass employée par une armée privée, chargée avec ses collègues de protéger les intérêts de ses employeurs par les armes. Suite à un accident survenu lors d’une mission, celle-ci remettant en cause son engagement professionnel.
Frontier met en scène la rencontre entre ces trois personnages et leur questionnement respectif quant à leur choix de vie. Chacun d’eux part du constat d’une frustration : sentiment d’inutilité, de privation de liberté, d’être réduit à une tâche… Chacun d’eux trouve à l’issue du récit sa place, résultat d’un compromis entre ce qui est possible et les opportunités qui se présentent.
Disons-le, Singelin procède par archétype : nos trois héros sont gentils, ce qui ne les empêche pas d’avoir leur caractère et leurs travers ! Ils évoluent dans un environnement où il y a des méchants – les capitalistes qui exploitent les ressources et tuent au besoin pour protéger leur domination – et d’autres gentils comme eux – les ouvriers exploités, les nomades d’une planète visitée, les rebelles qui ont créé leur propre station de vie spatiale pour vivre selon leurs règles. Un peu à la manière d’Avatar, ce découpage des rôles et des affiliations est certes simple, mais en même temps efficace pour créer de la sympathie pour les personnages rencontrés et s’identifier à leur quête personnelle.
C’est l’univers et le dessin qui je crois ont le plus retenu mon attention dans ce volume. J’ai eu l’impression de lire une BD dérivée d’un Secret of Mana, tant le character design met à l’honneur des personnages RPG-esque je trouve. L’univers quant à lui est vaste, ambitieux, avec des environnements variés, mis en valeur par un niveau de détails impressionnant et une colorisation qui participe à la sympathie du titre.
Bref, cela m’a énormément plu et offre, il me semble, une réponse / un pendant quasi feel good au Shangri La de Matthieu Bablet, dont la noirceur (au même titre que celle de Carbone et Silicium) m’avait laissé un goût amer après lecture.
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