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L’humiliation comme victoire en trompe l’œil

La séquence fait le buzz : Jordan Bardella, invité sur le plateau de Léa Salamé, cause l’hilarité des autres personnes présentes à ses côtés lors de l’émission. Roseline Bachelot le ridiculise à plusieurs reprises suite à des réponses faciles, sans imagination, “cirage de pompe” comme le note de Natacha Polony. Ici, la séquence est reprise selon le montage qui en a été fait pour accentuer le malaise de Bardella et souligner sa bêtise. Cela est manifesté par des ajouts d’emoji et de sons qui sont là pour renforcer le côté clownesque du candidat RN.

Voilà un parfait clip de la guerre des tranchées qui se joue sur les réseaux sociaux. Les traditionnels opposants à l’extrême droite verront dans cette scène un motif de réjouissance en ce qu’elle démontre le vide intellectuel de M. Bardella et ses accointances politiques et idéologiques dérangeantes. Les autres verront dans cet extrait un homme qui leur ressemble, méprisé par les élites, ici celles de l’audio-visuel, par excellence monde de l’entre-soi. Ces derniers comprendront la haine contenue qu’on lit sur son visage tendu et qui semble trahir une idée simple : “une fois au pouvoir, tu ne riras plus”.

Dans une chronique de janvier dernier sur France Inter, Anne Rosancher rapporte l’anecdote suivante : “Je vous livre la réponse qu’une électrice du RN a faite à Raphaël Glucksmann, à Calais, alors que ce dernier l’interrogeait sur les raisons de ses faveurs : C’est simple, lui a-t-elle répondu, Marine, c’est la seule qui n’a pas honte de nous sur la photo ». Ce sentiment de « considération », c’est ce sur quoi la leader frontiste capitalise depuis des années.”

Les réseaux sociaux ne sont pas une cause. Ils sont un renforcement de la segmentation culturelle de notre pays sur base démographique, géographique et sociologique, en leur donnant une coloration communautaire. Ce que Jérôme Fourquet nomme l’Archipel français, dont la dérive a conduit au choc puis à la normalisation électorale de 2017. L’un des aspects de cette dérive se manifeste chez une part solide et croissante de la population qui n’en a tout simplement plus rien à faire de la façon dont se joue le jeu politique. Quitte à tout casser, quitte à tout mettre par terre, quitte à adhérer à toutes les simplifications de l’Histoire et des Sciences, quitte à ce que cela se fasse au détriment de son intérêt pourvu que le système tombe.

Dans son dernier ouvrage, Explosive mordernité, Eva Illouz explore la façon dont les émotions et leur mobilisation dans le débat public caractérisent la Modernité et façonnent notre société actuelle (cf. entretien de présentation du livre). La colère, explique-t-elle, est une réaction légitime en régime démocratique contre l’injustice. Le problème de la colère est que, devenue aveugle, elle devient virale et veut tout brûler, tout anéantir, jusqu’à ce qu’un sentiment de justice naisse d’une revanche assouvie. Une illusion.

La France s’est construite sur une logique centralisée et, dans les temps modernes, selon une idéologie de l’unité républicaine. Ses différentes composantes, dans leur grande majorité, vivent dans la peur de la dérive des continents, l’ “estrangement” qu’entraîne l’archipélisation de notre société. Ici, la guerre des tranchées appuie douloureusement sur cette frayeur et ne peut que tendre la situation, à un moment historique où nous avons besoin de notre réflexe d’unité. Comment caboter intelligemment entre les éléments de l’archipel, tendance de fond dans la configuration de notre pays qui est là pour durer, afin de malgré tout nous réunir ?

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