Abou Djaffar, pseudonyme de Jacques Grire, historien et ex-DGSE, au sujet des victimes des attaques du 13 novembre : “En tant que citoyen, on leur doit une solidarité très personnelle […] et en tant que contre-terroriste, on leur doit quelque chose de l’ordre de la vérité.”

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, qui ont causé la mort de 130 personnes et fait des centaines de blessés en différents points de Paris, dix mois à peine après les attentats de janvier 2015, le souvenir est douloureux. Comme toute douleur, celle-ci est d’autant plus vive lorsque l’incompréhension persiste. A plus forte raison quand cette incompréhension est entretenue par un débat public inutilement et fautivement polarisant, mal préparé par une prise de parole médiatique sans inspiration ni exigence intellectuelle, tendant jour et nuit la perche aux toutologues et aux politiques.

Abou Djaffar, ici invité pendant 2h du remarquable podcast Le Collimateur d’Alexandre Jubelin, est une figure illustre du Twitter des années 2010 et de la blogosphère centrés sur les questions liées au phénomène jihadiste. Dans cette émission qui prend son temps, il dresse une rétrospective de ce fait de société majeur, en même temps qu’il décrit la vie au sein des services français. Entretien éclairant qui dénonce les “cautères intellectuels”, autant de biais d’appréciation culturels et politiques par lesquels nos sociétés ont souhaité se rassurer : psychologisation ou pathologisation du geste d’extrême violence, sous-estimation de l’engagement féminin, négation du projet politique… Autant de biais qui nous empêchent d’envisager la réalité autrement que par projection de fantasmes et interdisent le pragmatisme.

La discussion insiste sur la centralité de l’adhésion à une cause, dont l’expression terroriste violente assumée ne doit pas faire perdre de vue l’existence d’un agenda politique poursuivi : imposer un modèle politico-religieux appuyé sur une vision totalisante du monde.

Ecoute et idées nécessaires en cette journée de commémoration.

Prières et pensées à toutes les victimes des attentats du 13 novembre 2015 et à toutes les victimes du jihadisme à travers le monde.