Quand Einstein rêvait d’Alan Lightman
C’est le dernier numéro de Sciences et Pseudo Sciences, publication de la géniale Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS), qui dans sa rubrique revue de lecture recommandait cette courte nouvelle : Quand Einstein rêvait (Einstein’s Dreams) du physicien et auteur américain Alan Lightman. Entre poésie et science, ce petit livre est une balade onirique étonnante dans les conceptions du temps.
Nous sommes à Berne, en Suisse, en 1905. Einstein travaille alors à l’Office des Brevets et, en parallèle de ce travail intéressant mais non passionnant, il développe sa théorie de la relativité. La nouvelle de Lightman met l’accent sur la part onirique du travail du savant, qui rêve et/ou se perd dans ses expériences de pensée en lien avec son travail de conceptualisation scientifique. Comme aime à le rappeler Etienne Klein, Einstein avait une forte capacité d’abstraction et s’adonner à un travail vagabond de sa pensée faisait partie intégrante de son approche.
Le livre de Lightman propose d’imaginer chaque jour un monde dont le temps obéirait à des règles différentes : saccadé, absent, en boucle, en suspens, vie compressée en une journée… Ces variations dans la conception du temps sont à chaque fois l’occasion de passer des conséquences en revue, la façon dont le temps, dans tel ou tel monde, affecte la vie des gens, leurs relations, leurs sentiments, ce à quoi ils accordent de l’importance. Chacune de ces courtes projections dure quelques pages seulement et est l’occasion de tirer une conclusion, une morale, une petite leçon philosophique que notre monde peut retenir de l’expérience alternative des autres temps.
L’intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu’Alan Lightman est lui-même physicien, chercheur et enseignant du prestigieux Massachussetts Institute of Technology. Au cours des années, il s’est fait une spécialité de rendre la science accessible, et surtout de construire un pont entre Science et Art. Ces variations sur le temps sont donc à recevoir comme un partage de ce que peut être la “méditation” scientifique sur un thème par ailleurs majeur de la littérature, et de s’interroger sur mode science fictionnel sur les conséquences du passage du temps !
Sur la Voix de l’Art Urbain, il y a quelques années, j’avais publié un texte inspiré d’une oeuvre de rue de l’artiste C215 portant sur cette période de la vie d’Einstein évoquée dans le livre de Lightman, et explorant la notion d’expérience de pensée : Le rêve d’Einstein.