Un Juif de mauvaise foi de Jean-Christophe Attias
Un Juif de mauvaise foi m’a été offert récemment par mon père pour mon anniversaire. Il s’agit d’un essai autobiographique de Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et titulaire de la chaire « Pensée juive médiévale » depuis 1998. L’auteur y livre en 400 pages le récit de son parcours de vie, lui qui est né au lendemain de la seconde guerre mondiale d’une mère française charentaise, normalement catholique, et d’un père juif, descendant d’une famille de Mascara en Algérie et originaire du Maroc.
Il raconte son cheminement vers le Judaïsme, auquel il se convertit à l’âge de 20 ans, faisant alors le choix radical d’une pratique religieuse orthodoxe. Pendant 5 années, il suivra scrupuleusement tous les préceptes de la vie juive, observant les règles du manger, du prier, de l’étude et de démarcation nette avec le monde non juif. Puis, passés ces débuts marqués par une orthopraxie stricte, l’éloignement de ce mode religieux, confirmé par la rencontre avec sa future femme, Esther Benbassa. Restant foncièrement ancré dans son choix du Judaïsme, celui-ci recouvre pour l’auteur une réalité qui dépasse la seule pratique et se traduit par une attitude vis-à-vis d’une oeuvre d’étude qui ne connaît pas de fin, en même temps que d’une quête spirituelle inachevable d’un Dieu qui n’existe pas, mais en qui l’on espère malgré tout pouvoir avoir confiance.
Vraiment l’expression “à hauteur d’homme” est taillée pour ce livre, tant on sent l’honnêteté de l’auteur dans la confidence de son vécu, de ses doutes, de ses choix et, in fine, d’une foncière envie de préserver sa Liberté, tout en l’accrochant à plus solide que sa seule personne. Spécialiste de Judaïsme médiéval, savant, curieux, Jean-Christophe Attias raconte un rapport à la religion en forme d’interrogation de ses origines familiales et d’un besoin, nécessaire à un moment dans une vie, de faire le point, d’organiser sa mémoire, de comprendre pourquoi l’on a tranché dans un sens ou dans un autre. Comment trouver la bonne distance entre une transmission familiale timide – car ni pratiquante, ni particulièrement causante sur les aspects religieux – et l’importance d’une appropriation personnelle pour construire sa voie en cohérence avec ce que l’on est ? C’est cela que raconte l’essai.
Il le raconte dans une langue très plaisante à lire et à suivre. Il le fait aussi en multipliant les allusions et explications issues de la tradition juive. Le tout est riche et dense. Drôle parfois, amoureux aussi, nourrissant un désir de Judaïsme engagé, studieux, témoignage universel ouvert sur les Nations. Belle lecture.
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