Poulbots de Patrick Prugne
“Poulbot : enfant montmartrois, gavroche à la fois effronté et sensible, agressif et attendrissant”, dit le Larousse. Poulbot, c’est également, et peut-être avant toute chose, Francisque, peintre de la réalité sociale de la Butte du début du 20è siècle. Amoureux de son fief et de sa vie locale, il crée en 1923 “Les P’tits Poulbots”, dispensaire pour aider les enfants pauvres de Montmartre, association qui existe toujours. Telle est la parenté de ce mot familier, né d’un nom de famille.
Dans Poulbots, Patrick Prugne met en scène la vie de ces mômes qu’ont rien qu’une marre aux grenouilles pour tenter de faire trois sous, leur amitié sans faille et leur parler des sommets parigots. Un petit groupe de ces gamins kidnappent un jour le fils unique mal aimé d’un propriétaire bourgeois qui veut raser et assainir un quartier de la butte pour y installer des habitations modernes et faire de la location. Le petit bourgeois est finalement adopté par les titis parisiens et finit par dépasser ses origines sociales pour développer une forte amitié avec ses ravisseurs.
C’est un peu convenu comme histoire, ça se passe dans la tendresse d’un conte, c’est agréable à lire, sans grande ambition, mais c’est sympathique comme tout et on aime cette ambiance, cette cabane construite dans un vieux tacot abandonné sous un arbre, ces terrains vagues où on est libre de faire des bêtises et d’imaginer une vie insouciante, ces rues encore de terre dans lesquelles on court pour semer les policiers, le refuge d’un cabaret où l’on croise le peintre…
L’intérêt de ce volume réside surtout dans son dessin. Prugne, comme pour sa série sur les Indiens, déploie son talent à l’aquarelle, et chaque planche est une merveille ! Chaleur des couleurs et de leur variation, des lumières de l’été de jour et de nuit : tout est parfait pour rendre visuellement ce récit de l’enfance.