La Bombe de Alcante, Rodier & Bollée
Alors, lecture pas drôle, mais bien foutue : j’ai terminé le pavé “La Bombe“, qu’un ami pas convaincu par le truc m’a prêté il y a quelque temps. On y suit l’histoire tumultueuse de la bombe atomique US, fruit des recherches du projet Manhattan, qui a réuni nombre de prix Nobel et de chercheurs pointus dans leur domaine durant la 2nde Guerre Mondiale.
La BD montre correctement la tension qui existe entre passion scientifique et conscience politique. Elle illustre bien le fait que les chercheurs, ainsi que les militaires qui encadrent le projet ont une bonne compréhension, même théorique, du potentiel sans précédent de destruction de cette arme d’un nouveau genre. Chercheurs – pour beaucoup des réfugiés Juifs dont l’arrivée en Amérique est aidée par leurs compétences -, militaires tiraillés entre efficacité et éthique au combat sur fond de question raciste, et politiques US pris dans une course pour mettre fin à la guerre, en même temps que désireux de lancer un signal à celui qui est d’ores et déjà perçu comme l’ennemi de demain, l’URSS, créent les conditions des catastrophes de Hiroshima et Nagasaki, dont le dessin ne cache aucune horreur.
L’hésitation de mon ami venait de ce qu’il ne voyait pas tout à fait l’intérêt du format BD pour porter le sujet. En ce qui me concerne, même si je comprends son point et le partage en partie, je dois reconnaître que ne serait-ce que relater ces événements visuellement leur donne une autre dimension, quelque chose d’aussi palpable que les mannequins à la chair dégoulinante, disposés dans le mémorial de la paix à Hiroshima. Pas drôle donc, mais bonne lecture.