Si je t’oublie Alexandrie de Jérémie Drès
Dimanche prochain, j’assisterai à une rencontre-discussion avec Jérémie Drès autour de ses BDs. Qui est Jérémie Drès ? Aucune idée ! Je me suis donc procuré l’une de ses BDs pour voir de quoi il en retournait : “Si je t’oublie Alexandrie” (allusion au psaume 137,5 “si je t’oublie Jérusalem”). C’est tout à fait dans la mouvance des carnets de voyage façon Guy Delisle “Shenzhen”, “Pyongyang”, “Chroniques de Jérusalem”. La différence toutefois est que l’auteur y ajoute une dose de reportage / documentation / enquête, absente chez Delisle par exemple.
On suit l’auteur dans son enquête sur les pas de l’histoire de ses arrière-grands-parents et grands-parents en Egypte, et plus largement de la présence juive dans le pays. La progression de ce travail est peu aisée, tant les traces du passé juif sont difficiles à trouver dans l’Egypte d’aujourd’hui. La dernière partie du livre offre la clé de ce “témoignage introuvable” et le silence familial : au lendemain de la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israel en 1948, les juifs des pays arabes sont devenus mécaniquement du jour au lendemain suspects d’intelligence avec l’ennemi. En Egypte, cela a conduit à leur internement dans des camps, une spoliation systématique de leurs biens et au départ forcé de leur pays. Ces populations ont connu un destin douloureux, marqué notamment par une absence de reconnaissance des dommages qu’ils avaient subis, obligées de repartir de zéro. Beaucoup ont cherché à éviter d’immigrer en Israel, où ils ont été parqué dans des camps vétustes avant d’être transférés vers des cités dortoirs. Ils ont souvent été regardés comme des gens non civilisés, car venant de pays estimés non développés, dans un pays construit en majorité par des personnes, certes persécutées en Europe, mais dont la culture s’est imposée comme dominante dans la formation de la vie publique israélienne.
Bref, très bonne illustration d’une thématique peu connue, qui commence seulement, par opportunisme politique, à faire son entrée, plus de 60 ans après les faits, dans les considérations historiques.
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[…] sur les origines juives de sa famille, partagées entre les mondes polonais/ashkénaze et égyptien/orientaux. L’auteur avait néanmoins également abordé ses autres productions, parmi lesquelles le […]