
Le Nao de Brown de Glyn Dillon
Le Nao de Brown est une très belle surprise ! Bande dessinée qui m’a été prêtée et que j’ai tardée à explorer, en partie parce que les tranches de vie, sans avoir rien contre, ce n’est pas ce que je préfère. Mais le ton, le traitement de ce sujet pas drôle avec cette British touch si particulière et la beauté de ces dessins en font une oeuvre très réussie.
On suit dans ce livre le quotidien de Nao, jeune femme anglo-japonaise, dessinatrice, qui travaille dans une boutique de art toy’s londonienne pour gagner sa vie, aux côtés de son ami d’enfance. Un quotidien tourmenté car Nao souffre de TOC sévères. Elle se perd dans des pensées obsessionnelles ou s’imagine s’en prendre violemment aux personnes qu’elle rencontre. Le lecteur découvre ainsi crument les manifestations d’une pathologie envahisssante, qui ne cesse de tourmenter notre héroïne, prise qu’elle est entre crises réelles et anticipation de blocages.
Cela confère à ce personnage une aura particulière : jolie fille, charmante, qui cache dans son esprit des idées ravageuses qui la dépassent. La BD met cela en scène intelligemment, à l’anglaise, avec un certain détachement qui donne le goût de l’authenticité à ce livre si original, qui narre en réalité une histoire d’amour et traite des difficultés de dépasser sa condition pour construire quelque chose dans la vie. Entre séances de méditation et de caligraphie avec le club bouddhiste hippie du coin et premiers rendez-vous amoureux avec le réparateur de machines à laver, le livre nous plonge dans une ambiance gentillement décalée, rythmée par les angoisses de Nao.
L’histoire est servie par un dessin magnifique à l’aquarelle. On se prend à s’arrêter sur de nombreuses cases pour en examiner les détails. C’est beau et délicat. Et cela tranche parfois avec ce côté cinglant d’un personnage attachant et paumé à la fois.
Le Nao de Brown constitue une vraie belle découverte, que j’ai néanmoins envie de réexplorer dans sa version anglaise originale.